Juillet 1941

  • 1er juillet : la police se présente à la ferme des GILLIN et arrête Walter BORG et Henri GILLIN, elle saisi le poste radio et des documents. Nicolas ELEFTERIOU qui a pris l’autobus pour retourner à Tunis sera cueilli à son arrivée. La police ne se rend pas compte que MOUNIER et ses compagnons se cachent à quelques centaines de mètres dans la ferme des FOURNIER. Le même soir, à leur surprise, MOUNIER, VERDIER et ATTIAS sont récupérés par un hydravion Heinkel aux couleurs allemandes. En fait c’est un Heinkel 115 qui a appartenu à la marine norvégienne et s’est réfugié en Angleterre en mai 1940. Il est piloté par le lieutenant Håkon OFFERDAHL avec pour observateur le sous-lieutenant Reginald DRAKE de la RAF. Il est utilisé pour des missions clandestines ce qui explique ses couleurs. Moins de 2 heures plus tard, l’hydravion amerrit à Malte avec ses trois passagers. MOUNIER n’a pas abandonné la partie et va maintenant s’affairer à reconstituer son réseau.
  • L’étendue du réseau a inquiété l’amiral ESTEVA, le résident général de Tunisie, et on va limiter l’enquête de crainte que Vichy ne l’accuse d’incompétence. Ainsi la branche du réseau à Sfax va s’en tirer à bon compte. Interrogé, Henri GANTÈS sera relâché après que son chef le contrôleur CHASTEL se portera garant de son loyalisme envers Vichy. CHASTEL a lui-même des sympathies gaullistes et aura un rôle discret mais efficace dans les opérations futures. DESPARMET a caché un poste émetteur dans sa ferme de Kassérine et il bénéficie d’être à l’écart des opérations du réseau. Il semble aussi que le consul PAPAVASSILIOU et ses marins grecs ne seront pas trop inquiétés, peut-être pour ne pas envenimer les choses avec un incident diplomatique.
  • Néanmoins, le réseau a été démantelé. Ont été arrêtés:
    Le Commandant Jean BREUILLAC
    François VALLÉE
    Henri GAILLOT
    André DEROME
    Walter BORG
    Gustave GAUDIOZ
    Ella CAZE DE CAUMONT
    Henri GILLIN
    Maurice IMPERIALI
    Jean GESCHWIND
    Michel GOLDMAN
    André GORDOWSKI
    Roger THIERRY
    Maurice SECUTEUR
    Paul MEYNIEU
    Robert VERGER
    En fait, les sept derniers n’ont jamais appartenu au réseau ou devaient s’y joindre au moment de sa déroute.
    À Tunis, seul Charles GOMAND a pu échapper à la traque policière et reste en contact avec Malte grâce à son poste émetteur. La priorité de MOUNIER va être de faciliter son exfiltration.
  • 11 juillet : tentative de départ de La Goulette pour Malte par le groupe “Dutertre” avec le bateau Sidi-Bou-Saïd qu’ils ont “loué” à Giuseppe RANDAZZO. Ce sont Henri DUTERTRE, Roger CALVO, Maurice BONJOUR, Pierre SPAENS, Camille CROS et sa maîtresse Marie FRANCIPANE, Jean LUCA, Jean MAINETTI, Xavier LUCIANI, Angelini BACCHELI, Pierre DELPECH, Maurice LE BOT, François LE DOT, et Annetto XERRI. Au bout de 3 ou 4 heures, ils font demi-tour à cause du mauvais temps. Ils devront repartir le lendemain. Mais le soir même, XERRI retourne à sa base de Zaghouan et avoue à ses supérieurs qu’il a tenté de fuir vers Malte. Ses compagnons sont immédiatement arrêtés.
  • 14 juillet : le sous-marin HMS P.33 (Lt. R.D. Whiteway-Wilkinson, RN) croise dans le golfe de Hammamet pour ramasser deux agents. Ce sont Charles GOMAND et son ami Mathieu LUCIANI mais les deux hommes ne sont pas au rendez-vous. Le lendemain le sous-marin torpille le vapeur italien Barbarigo, mais est sévèrement endommagé par les grenades anti-sous-marines de l’escorte et doit rentrer à Malte.
  • 16 juillet : le sous-marin HMS Union (Lt. R.M. Galloway, RN) reçoit l’ordre de reprendre la mission du HMS P.33. Entretemps, GOMAND a avisé Malte qu’il ne peut pas se rendre au rendez-vous car il est étroitement surveillé par la police. Est-ce que l’Union a été quand même au rendez-vous ? Nous ne le saurons jamais car le sous-marin est perdu corps et biens.
  • 26 juillet : raid de la Decima Flottiglia MAS sur Malte. Des torpilles humaines et des canots explosifs doivent forcer la rade mais l’opération tourne au désastre quand les italiens sont découverts par le radar et décimés. Seul l’aviso Diana (ancien yacht du Duce) qui appuyait l’opération parvient à s’échapper. L’équipage de la vedette lance-torpilles MAS 452 est tué et elle est capturée par les anglais. Ils vont la rebaptiser XMAS et elle sera utilisée pour des missions clandestines.
  • 27 juillet : BREUILLAC, VALLÉE et GAILLOT sont traduits en justice à Bizerte. La cour martiale est présidée par le contre-amiral NOUVEL DE LA FLÈCHE. Les trois hommes sont défendus par Yves PERRUSSEL.
  • 29 juillet : la cour martiale rend son jugement. BREUILLAC est relâché mais il n’a plus la confiance du général AUDET et il sera renvoyé en France où il apprendra qu’il a été mis à la retraite d’office. Il reprendra ses activités clandestines en métropole. VALLÉE et GAILLOT écoperont de deux ans de prison. Ils seront libérés après le débarquement anglo-américain de novembre 1942. Envoyés en mission par le SOE en France, ils seront capturés par les allemands et exécutés à Gross-Rosen en 1944. Les autres membres du réseau devront attendre à janvier 1942 avant d’être jugés et condamnés à divers peines de prison.

MAS 452 (Francesco De Domenico)